Pour la première fois depuis 2005, l’Organisation mondiale de la Santé a mis à jour ses directives sur la qualité de l’air et posé des limites plus contraignantes pour les principaux polluants
La pollution de l’air est responsable d’environ 7 millions de morts prématurées chaque année. Un fléau auquel a décidé de s’attaquer l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ce mercredi. Pour la première fois depuis 16 ans, elle a mis à jour ses seuils de référence en posant des limites plus contraignantes pour les principaux polluants de l’air, dont les particules en suspension.
La pollution de l’air, aussi nocive que le tabac ou la mauvaise alimentation
La décision de l’OMS se fonde sur de nouvelles données, après que l’institution onusienne ait passé en revue plus de 500 publications scientifiques. Celles-ci montrent “à quel point la pollution atmosphérique affecte toutes les parties du corps – du cerveau au bébé en pleine croissance dans le ventre de sa mère, et ce à des concentrations encore plus faibles que celles observées précédemment”, a souligné le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse.
La pollution de l’air serait devenue la “principale menace environnementale pour la santé humaine”, causant cancer du poumon, accident vasculaire cérébral (AVC), infarctus ou encore des maladies pulmonaires chroniques obstructives (broncho-pneumopathies, asthme…). La pollution de l’air est aujourd’hui considérée comme un facteur de risque sanitaire aussi important que le tabagisme ou la mauvaise alimentation.
Les particules fines et le dioxyde d’azote dans le viseur
L’OMS n’a pas fait dans la demi-mesure. L’institution onusienne a décidé de durcir de manière significative ses normes. Ainsi, les seuils d’exposition aux deux plus dangereux polluants, les particules fines et le dioxyde d’azote, sont divisés par deux et quatre respectivement. La première passe de 10 microgrammes (µg) par mètre cube à 5 µg/m3 et la seconde de 40 à 10 µg/m3.
Ces normes concernent quasiment toute la planète, puisque plus de 90 % de la population mondiale vit dans des zones dépassant les seuils fixés en 2005. Avec les nouvelles contraintes sur les particules fines, seul l’Islande rentre dans les clous (4,7 µg/m&³3; en moyenne annuelle). La France, elle, en est loin, avec 10,6 µg/m&³3;. À la dernière marche du classement, on trouve l’Inde, qui affiche une concentration moyenne en particules fines qui est quatorze fois supérieur aux nouvelles recommandations de l’OMS (70 µg/m&³3;).
Pas de contrainte juridique
Ces seuils ne s’accompagnent pas de mesures juridiques contraignantes. Ils se veulent “un outil fondé sur des données factuelles permettant aux décideurs d’orienter leur législation et leurs politiques au niveau international, national ou local”, a précisé Tedros Adhanom Ghebreyesus. Après ces annonces, la Commission européenne a décidé de se réunir ce jeudi 23 septembre afin d’examiner les nouvelles recommandations. Le processus de révision des directives sur la qualité de l’air actuellement mené doit déboucher au troisième trimestre de 2022 sur une proposition législative.
Selon l’OMS, le respect des nouveaux seuils permettrait d’éviter près de 80% des décès liés notamment aux particules fines. “La pollution de l’air est une menace pour la santé dans tous les pays, mais elle frappe surtout les populations des pays à revenu faible ou intermédiaire”, a rappelé le directeur général de l’OMS. Le respect de ces mesures serait également bénéfique pour le climat, car les principales sources de pollution de l’air sont aussi celles qui émettent le plus de gaz à effet de serre.